... concernant les roses et les rosiers.
La période de plantation idéale (début novembre) approchant, on voit des articles fleurir racontant tout et n'importe quoi et j'aimerais remettre un peu les pendules à l'heure.
Je ne m'érige pas en experte dans ce domaine mais on peut dire que j'ai quand même une belle expérience à mon actif et surtout, que moi, j'aime les roses et je leur porte une attention bienveillante.
1. Il ne faut pas "éviter des rosiers qui ont beaucoup trop de pétales"
C'est la première fois que j'entends une bêtise aussi grosse. Ca voudrait dire que vous pouvez rayer bon nombres de roses anciennes et de roses anglaises de vos prochaines commandes ! Or, ce que nous, les vrais amateurs de roses adorons, c'est justement ce côté glamour que peut offrir une rose.
Il est vrai que certaines peuvent peiner à s'ouvrir par temps humide mais c'est fort de penser à ça avec le printemps, l'été et même le début d'automne que nous avons connus jusque là.
De toutes les roses avec beaucoup de pétales que je cultive chez moi et à la Roseraie, une seule pose ce problème; c'est 'Cento Quarenta', une rose de Warren nommée en référence à ses 140 pétales. Pour toutes les autres, aucun souci donc ne vous en privez surtout pas !
2. Les créateurs de roses ont proposé lors des derniers concours de roses, plusieurs variétés à fleurs bicolores et en les choisissant, on serait original
Tu parles ! Vouloir être original en choisissant les rosiers les plus criards, les plus "shocking", ça, c'est vraiment ce qu'on appelait autrefois du "m'as-tu-vu" ! Ben, justement du peu que j'en ai vu et même si c'est une question de goût, très peu pour moi.
Et pourtant, je ne suis pas contre les roses bicolores mais tant qu'à faire, choisissez-en de plus subtiles. Celles qui se fondront dans vos massifs plutôt que d'attirer toute l'attention sur elles, vous demandant que penser de cette intruse.
En voici quelques-unes plus dans mes crières :
3. La plantation d'un rosier
Pour ceux qui possèdent mon dernier livre, tout est expliqué en détails à la fin de l'ouvrage mais je voudrais revenir sur les deux points les plus essentiels à mes yeux. Tout d'abord, les mycorrhizes. J'ai prouvé avec les rosiers de la Roseraie que l'ajout de ces champignons au moment de la plantation s'avérait très efficace donc ne zappez surtout pas cette étape. Deuxièmement, RIEN au pied et autour du rosier la première année qui suit la plantation et même principe si vous décidez de déménager un rosier. J'ai encore vu cette semaine un malheureux rosier qui devait faire face à plein d'herbe et d'indésirables à son pied. Ne vous attendez pas à des miracles dans ces conditions !
J'ai vu aussi des conseils de plantation avec le sempiternel débat concernant le point de greffe...Je n'y reviendrai pas en détails car on en a déjà débattu tellement de fois et il n'y a plus que sur quelques magazines français qu'on ignore encore que dans le reste de l'Europe, le point de greffe est enterré parfois même bien profondément.
Je vous invite à relire cet article culte d'Hakan que j'avais déjà partagé autrefois.
La photo est déjà explicite...
(cliquez sur la photo et utiliser la fonction traduction de Chrome)
4. Les labels
Les labels pour les rosiers (ADR, Label Rouge, AARS, etc.)
ont des intentions louables à l’origine, mais leur valeur réelle varie beaucoup
selon le label et le contexte. Voici un aperçu nuancé :
➡️ Fiabilité : élevée. Un rosier ADR est généralement sain, robuste et durable.
B. Le Label Rouge
(France) – plutôt commercial
Ce label, délivré par un organisme français (GNIS, aujourd’hui SEMAE), garantit surtout : la qualité du plant (racines bien développées, conformité variétale, bon état sanitaire du jeune plant), mais pas la résistance aux maladies à long terme ni l’adaptation au jardin.
Fiabilité : moyenne. Le label Rouge est avant tout une certification de production, pas de comportement au jardin. Il ne préjuge pas de la rusticité ou de la floribondité.
C’est un bon indicateur de qualité initiale du plant, mais pas un gage de “rosier sans souci”.
C. Les récompenses de
concours (Le Roeulx, Bagatelle, Baden Baden etc.)
Ces prix dépendent souvent : de tests en conditions précises, parfois avec traitements, de jurys qui valorisent aussi la forme, la couleur ou le parfum, et de contraintes climatiques locales (un rosier primé à Lyon peut mal se comporter en climat humide).
Fiabilité : variable. Certains prix reflètent une réelle qualité horticole, d’autres sont plus “vitrine marketing”.
Pour avoir intégré le Jury Permanent du Roeulx pendant plusieurs années, j'ai pu constater que les membres ont des critères de jugement assez formatés. J'avais l'impression en voyant un rosier pour la première fois d'être un extra-terrestre qui jugeait en premier la rose plutôt que le rosier. C'est un débat que j'ai souvent eu avec Marie-Rose Foucart qui me disait que les professionnels s'attachent au port, à la santé et à la floribondité avant toute chose. Alors que pour moi, les roses, c'est avant tout une affaire d'émotions que doit susciter la rose et c'est bien plus souvent le cas avec une rose bien charnue qu'avec une rose simple.
Il faut aussi que je vous explique au passage que quand on dit "je fais partie du jury de tel concours", ça me fait sourire car il y a deux types de jury : le permanent (souvent 8 à 10 personnes) qui juge les roses une ou deux fois l'an (au Roeulx, c'est en juin et en septembre donc exit les rosiers non-remontants). Et puis, il y a le jury international qui lui ne vient que le jour de proclamation du concours. Ce sont des amateurs de roses (ou pas 😁), des rosiéristes qui ont un peu moins de deux heures pour juger une quantité impressionnante de rosiers, fiche en main en attendant qu'on les appelle pour l'apéro. Souvent, ils n'ont pas eu le temps de voir tous les rosiers parce qu'ils papotent entre eux ou bien souvent les derniers rosiers jugés ne reçoivent pas la même attention. Leurs votes ne comptent que pour une infime partie des points attribués.
J'ai toujours eu l'impression que les mêmes hybrideurs étaient récompensés, que les rosiers à petites fleurs simples étaient favorisés dans le sens qu'avec eux, on prend moins de risque et que les fleurs peuvent rester potables plus longtemps, y compris le jour J.
Une année, Daniel avait envoyé plusieurs rosiers de Warren et aucun n'a été primé. Pas de bol pour L'Oiseau Chanteur qui, à chaque passage du jury n'était pas en fleurs... Et pourtant, Pierre a décidé de le planter dans le jardin d'exposition du parc où il est l'un des plus beaux spécimens. Enfin une rose romantique...
En pratique, que retenir ?
Les labels sont utiles comme premiers indicateurs, mais ne remplacent pas l’expérience ni les observations locales.
Un ADR reste un bon repère pour la santé et la durabilité. Les labels français et autres distinctions sont davantage commerciaux ou esthétiques.
Les retours de jardiniers valent souvent davantage que les labels officiels.
J'ai de plus en plus souvent des lecteurs ou des contacts Facebook qui ne jurent que par ces labels et qui passent à côté des plus beaux rosiers. Imaginez un peu un jardin avec uniquement des rosiers modernes labellisés... Moi, je m'y ennuierais fortement.
Avant de terminer ce long post, vous aurez peut-être remarqué que jusque là, je n'ai pas mentionné les rosiers anglais.
En réalité, la majorité des rosiers anglais (notamment ceux
de David Austin) n’ont pas reçu de label officiel comme l’ADR ou le Label
Rouge. Et ce n’est pas forcément parce qu’ils ne sont pas sains : c’est surtout
une question de choix stratégique et de philosophie de la maison Austin.
David Austin Roses ne soumet pas ses rosiers aux tests ADR allemands et n’a jamais cherché à obtenir de labels nationaux français ou internationaux.
Cela s’explique par le fait que l’entreprise mène ses propres tests internes, dans ses jardins d’essai du Shropshire (climat plus doux, plus humide que celui d’Allemagne).
Leur système est indépendant, et les variétés ne sortent qu’après 8 à 10 ans de sélection sur des critères de : parfum, forme des fleurs (le style “ancien”), remontée de floraison, et un niveau de santé jugé “suffisant” pour leur clientèle.
Mais ces critères ne sont pas toujours aussi stricts que ceux exigés pour l’ADR ce qui permet de donner la chance à des rosiers qui peuvent s'avérer être des merveilles dans certains jardins (comme mon 'William Shakespeare' première génération, vieux de 30 ans et toujours aussi fringant. Il faut aussi tenir compte que les critères esthétiques des Anglais (forme, parfum) ne correspondent pas toujours aux critères strictement horticoles des Allemands.
Comme tu le sais, je suis fâché avec les rosiers... Les roses que je préfère, finalement, ce sont celles qui enchantent mon nez !
RépondreSupprimerJ'en ai un qui fait de très grosses fleurs magnifiques, mais elles s'ouvrent très rarement, elles ont tendance à pourrir, même s'il est planté sous le noyer qui le protège de la pluie.
J'aime bien les roses simples aussi...
Bon mercredi.
Comme il est sous ton noyer, ne manquerait-il pas de soleil ?
SupprimerMais où trouve-t-on ces fameux myccorhizes ?
RépondreSupprimerSur Amazon. Malheureusement, chez Promesse de Fleurs, ils sont souvent en rupture de stock. En Belgique, chez Aveve (cherchez "Rootgrow").
SupprimerMerci Isabelle. Bel article
SupprimerMoi qui vais bientôt planter « The mill on the floss » , « Emma Bridgewater » et « Sweet Juliet » (trouvé enfin sur tes bons conseils chez Thauvin) me voilà rassurée et bien conseillée…😊😊
RépondreSupprimerJ’adore ton article, il résume parfaitement la réalité des rosiers. Aussi parfois il faut tester, se jeter à l’eau pour juger soi même. Bonne journée.
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