... (question d'Emilie)
Comment parvenir à obtenir des floraisons sur une longue période dans un petit jardin ?
Ca a été mon challenge durant toutes ces années. Mon plus gros problème, ce fut de freiner mes envies et justement de gérer ce manque de place par rapport à mes coups de coeur. Heureusement, la Roseraie est venue par la suite pour calmer un peu mes frustrations.
J'ai aussi décidé délibérément de me passer d'une saison : l'hiver. Même si je ne rechigne pas à aller y travailler par tous les temps, je préfère de loin être au chaud derrière l'écran à cette période-là.
Donc, il s'agissait d'étaler toutes mes floraisons fétiches (pas seulement vivaces) de mi-mars à fin octobre.
Il y a des règles à retenir de mon expérience :
- ne pas concentrer toutes les plantes qui fleurissent en même temps dans un même coin. C'est certes très joli à un moment donné mais à d'autres, vous aurez des "trous".
C'est pourtant ce que font beaucoup de jardiniers aux Pays-Bas en mettant l'accent sur les floraisons de fin d'été et de début d'automne. J'imagine quand même qu'ils insèrent quelques bulbes pour le printemps mais quid de l'été ? Ils ne partent quand même pas en vacances de juin à août ?
Piet Oudolf - Arnhem
Jaap De Vries
Souvent, ces jardins ne présentent pas de roses. Pourtant, si vous les choisissez bien remontants, ce seront ceux sur qui vous pourrez compter sur la plus longue période de floraison.
Breathless Charm - Juin
Breathless Charm - Octobre
Quand je dis de ne pas rassembler toutes les floraisons de la même époque au même endroit, vous ne mettrez pas plusieurs asters à côté d'anémones du Japon, d'échinacées... tout comme, vous ne mettrez pas tout un massif d'helléborres avec des narcisses, des tulipes, des pulmonaires...
Alternez ! Par exemple, un pavot d'Orient (printemps) dont le feuillage jaunira en été à côté d'un phlox (été) dont le beau feuillage masquera le disgracieux du précédent et un aster (automne).
Je sais, cela fait beaucoup de choses à tenir compte en plus des hauteurs, de l'emplacement... Mais, c'est justement cette partie "cérébrale" du jardinage qui est la plus fun.
- Evitez les floraisons trop courtes. N'abusez pas des arbustes de printemps qui fleurissent au grand maximum trois semaines. Pareil pour les rosiers non remontants à moins de leur joindre une clématite qui viendra combler ce manque de fleurs en plein été.
Chez moi, j'ai choisi le Kolkwitzia amabilis et c'est tout.
Pas de spirée, de weigelia, de forsythia, de viorne, de seringat...
- Ne délaissez pas les annuelles au profit des vivaces. Encore une fois, je rappelle que quand je parle d'annuelles, je ne pense pas nécessairement aux plantes achetées en jardineries pour garnir les potées et jardinières mais bien aux semis d'annuelles bien spécifiques comme les Nicotiana, les Zinnia... Certaines ont une floraison plus longue que d'autres et je les privilégie. C'est ainsi que j'ai tendance à ne plus semer de Crepis rubra, Malope... à la floraison bien trop courte.
Crepis rubra, magnifique annuelle à la floraison beaucoup trop courte,
au même titre que la chicorée.
- Utilisez des pots pour soit placer à un endroit où rien ne pousse, pour agrémenter votre terrasse au maximum ou bien encore, en faisant comme les anglais dans certains grands jardins : intercaler des pots dans les trous causés par les défloraisons. Ces pots ne seront pas en terre cuite bien sûr (trop lourds) et le bas sera dissimulé dans la végétation des plantes voisines. Vous y aurez fait pousser des plantes qui fleurissent plus tard et mis le pot dans un coin "nursery" de votre jardin. Il n'est pas préjudiciable de mettre ce pot sur une grosse touffe de bulbes de printemps qui entrent en dormance pour plusieurs mois.
Chez Claus Dalby, "quelques pots" pour garnir trois marches !