Voilà le défi que m'a posé notre amie Chantal l'autre jour. 14 ans de Seeds of Love, ça méritait, selon elle, un petit rafraîchissement du dernier portrait publié en 2021 (relire ici).
On va commencer par ce qui a changé en 4 ans.
Côté jardin, pas de gros changements car je consacre plus de temps à la Roseraie qu'à mon propre jardin, je l'avoue. A l'été 2023, j'ai complètement remanié tout un massif (celui contre le mur de façade mais côté intérieur) et c'est vraiment cette année que je vais pouvoir pleinement en évaluer la bonification. Les 7 euphorbes Characias n'avaient pas fleuri l'an passé. Elle se sont étoffées et sont prêtes cette année pour accompagner (entre autres) les tulipes. Il y a aussi les euphorbes stricta 'Golden Foam' qui se sont pas mal ressemées. Ca ne me déplairait pas d'en voir un brouillard tout en bordure.

J'espère surtout qu'on aura un tout petit peu moins de pluie pour pouvoir mieux profiter de moments de farniente au soleil. Car si je travaille beaucoup, je prends aussi le temps de m'allonger dans la chaise longue. Ca commence toujours avec la liseuse, une tasse de thé et un carré de bon chocolat noir et si toutes les conditions sont réunies (chaleur, pas de vent, calme dans la rue), je peux même m'endormir une dizaine de minutes. Juste assez pour me requinquer et pas trop pour me sentir molle et culpabiliser.

Côté Roseraie, elle a bien évolué. J'y ai appris énormément de choses, beaucoup d'expérience avec tout un tas de plantes. Je continue de rechercher les associations les plus pertinentes. C'est un jardin bien vivant, pas du tout dans l'optique du jardin d'exposition. D'ailleurs, pour les visiteurs qui s'attendent à un espace hyper manucuré, faites demi-tour, ce n'est pas pour vous. Et pourtant, malgré mes mises en garde et quand je demande de ne pas la visiter en plein cagnard (cad pas entre 12 et 15:00) quand il fait très chaud ou encore, de ne pas venir à la période où je laisse monter les pavots en graines parce que c'est moche, d'aucuns n'écoutent pas et font après des remarques désobligeantes. Ouste ! Buiten !
Heureusement, d'autres y passent chaque semaine et ont un regard bienveillant, de vrai jardinier et ils contribuent à ma motivation, merci.

Ce qui a changé depuis ces dernières années, c'est mon mode de vie : alors qu'on me voyait sur presque toutes les fêtes des plantes, dans les jardineries, sans parler des tea-rooms du royaume, là, maintenant, je vis une vie d'ermite avec très peu de kms au compteur de la voiture. Le Covid étant toujours bien présent et les gens ne voulant plus se protéger, ni, plus grave, protéger les autres, j'ai choisi de m'isoler et ainsi pouvoir continuer ma stratégie Zéro Covid et éviter toutes les complications à plus ou moins long terme qui affectent ce qu'on a de plus précieux, à savoir la santé. Celui qui n'a jamais vu une personne en fin de vie en insuffisance respiratoire ne peut comprendre. Pour l'avoir vécu deux fois (mon papa mort d'un cancer des poumons à 51 ans et mon frère d'un cancer entre autres de la trachée à 59 ans), je mesure la chance de pouvoir me lever le matin, de ne pas souffrir et de pouvoir vaquer aux choses que j'aime. Donc, jouer à la roulette russe, pas pour moi.
Ca m'a en tout cas fait prendre conscience que les sorties, c'était chouette mais qu'en rentrant, j'avais toujours un gros pincement au coeur, d'avoir délaissé mon jardin pendant ce temps-là et d'avoir manqué des choses. Un peu comme un parent qui travaille beaucoup et qui ne voit pas grandir ses enfants. Là, depuis 5 ans maintenant, je prends le temps de faire ce que j'aime et avoir les mains dans la terre et les pensées au jardinage, c'est mon quotidien, du matin au soir et j'en rêve même la nuit ! Je m'y épanouis pleinement. J'ai l'impression de vivre la vie que j'ai toujours voulue et une sensation de plénitude m'envahit souvent. La vraie liberté, c'est ça (et pas de pouvoir vivre sans masque et de pouvoir/vouloir sortir au resto toutes les semaines ou d'aller en vacances à Outsiplou). Et cette liberté, je la vis aussi grâce à Bruno qui a la même optique que moi. Souvent, le matin, on se dépêche de "liquider" les corvées pour avoir ensuite un maximum de temps libre ensuite. On ne se prend pas la tête en s'imposant des contraintes stupides et tellement insignifiantes. Celui de nous deux qui a envie de ne rien faire, de regarder 5 épisodes d'une série sur une journée (ça m'arrive parfois surtout quand c'est qqch de prenant et que j'ai envie de connaître la fin) ou qui passe la journée, cheveux en bataille dans la terre toute la journée, l'autre ne lui dira rien. Quand je vois la vie de certains retraités parfois, je me dis qu'ils sont bien à plaindre.

Au niveau du blog, j'ai récemment dû changer de plate-forme. C'est bien dommage car j'ai en quelque sorte perdu une grosse partie du travail effectué sur l'ancien durant de nombreuses années, les rubriques n'étant plus accessibles comme avant. Ca m'a affectée au début mais je me suis vite ressaisie et je me suis dis qu'il y a bien pire omme catastrophe dans la vie et ce qui compte, c'est le présent. J'ai perdu en cours de route quelques lecteurs, plus âgés qui se fiaient uniquement à passer par la newsletter , service non inclus chez Blogger. J'ai déjà tenté à maintes reprises de leur expliquer que "mettre en favori" était encore plus simple, mais c'est parfois difficile à faire entendre à des personnes qui n'entendent pas grand chose à la technologie.
Pas de grand changement dans le design. On s'y sent toujours à la maison.
Et puis, il y a ces livres qui resteront comme des "vestiges" de toutes ces années de blogueuse. Bienheureux ceux qui possèdent les premiers car on a récemment compris qu'un bouquin, ça avait une vie de plus en plus courte pour les éditeurs. Raison de plus pour entamer ma démarche un peu périlleuse et osée de l'auto-édition. Comme je l'ai raconté dimanche, je suis maintenant en bonne voie pour sortir le mois prochain LE livre de jardinage de l'année !
Maintenant, il est temps de répondre aux questions posées par Chantal, l'instigatrice de ce portrait surprise...
Quel est ton meilleur souvenir du Sol?
Ma rencontre en vrai avec Giulio ! C'était à Sangerhausen en 2014. C'était une surprise qu'il avait voulu me faire, de connivence avec Warren. Giulio est une personne très spéciale, un érudit des roses, qui me répète souvent que le Seeds of Love lui a sauvé la vie alors qu'il vivait des moments difficiles. Vous comprenez maintenant que c'est mon chouchou et que lui seul a le droit d'avoir son numéro fétiche (le 69 ! Un numéro qui lui est "tombé dessus" comme par hasard lors de sa première participation. On en rit encore !) D'ailleurs, maintenant, et c'est la bonne nouvelle, qu'il a l'autorisation de résider et de travailler en UK - il a déjà travaillé dans bon nombre de jardins qui vous font rêver - il va peut-être pouvoir penser à rédiger lui aussi l'an prochain son portrait de vétéran.
Comment la jardinière que tu es , a t-elle évolué grâce à la
fréquentation des Seedlovers et Seedloveuses?
J'ai appris... la patience !!! J'en avais pourtant déjà beaucoup avec les enfants d'écoles primaires mais vous êtes bien pires ! lol !
J'ai appris aussi à relativiser. Le SOL, le jardinage, le boulot,... tout ça, ce sont des futilités dans la vraie vie. Certains vivent des épreuves qu'ils partagent parfois avec moi et on n'imagine pas, la détresse, la souffrance, la tristesse que la vie nous fait connaître aussi. Mes moments en messages privés avec Maud furent parfois très douloureux. Comme il est frustrant, rageant d'être impuissant et tout juste bon à écouter et écrire un petit message de réconfort. Heureusement, avec le temps, on essaie de ne retenir que les jours heureux comme celui on l'on était là toutes les deux dans mon paradis. Et puis, tu es toujours avec nous, bien présente avec ton n°100 sur la liste des participants et ta photo dans la mosaïque.
Quel est le pire dérapage qu il y ait eu pendant ces 14
années ?
Facile. Quand j'ai dû virer deux poisons qui auraient voulu qu'on lynche une Seedloveuse avec des soucis de santé psychologique parce qu'elle n'avait pas envoyé ses graines. Hélas, ça a fait beaucoup de remue-ménage et d'autres se sont ralliées à elles et ont quitté le groupe. Je n'ai aucun regret, j'assume toujours ma décision. Même si le SOL aura eu moins de succès cette année au niveau participation, il vit toujours et apporte toujours du bonheur à ceux qui en sont dignes.
"Les aventuriers de votre tribu ont décidé de vous
éliminer, et leur sentence est irrévocable."
Et l'anecdote la plus rigolote?
C'est que pendant des années (là, ça se calme un peu maintenant), j'ai eu des demandes d'adhésion au groupe FB à cause du nom. Certains étaient sûr d'y trouver des graines qui les feraient planer !!!
14 ans déjà. D'ailleurs parlons-en de ce 14 : 1+4=5. Peux tu imaginer une
symbolique de ce nombre 5 au jardin? ( dans plusieurs langues stp)
Pas du tout. Je ne suis pas du tout attachée aux nombres. J'ai pourtant lu le Da Vinci Code mais ce n'est pas quelque chose à laquelle je suis sensible. Je suis une littéraire, une prof de langues avec toute la rigueur qui en découle. D'où mes plans de jardin, mon anticipation etc.
Qu est ce qui t'emm... le plus dans la gestion de ce groupe?
C'est de devoir rappeler chaque année des consignes importantes au bon déroulement et que personne ne les lise. Qu'on oublie de me donner son n° lors du tirage au sort, qu'on me dise "je suis dans le 57" alors que pour moi, belge, les départements, je ne connais que les plaques 59 et 62 qui passent souvent la frontière. Ah si, je connais aussi le 75 (on n'en a pas au SOL) parce que ça, c'est de la culture générale. C'est aussi quand on me dit qu'on ne sait plus comment créer un album alors qu'on en est à sa 5ème participation au moins et qu'il y a un tuto dans le réglement !
Quel est le pire végétalis horribilis issu du Sol, qui a
fait se dresser sur ta tête tes beaux cheveux blonds ? Ou que tu rates tout le
temps? Ou qui sent vraiment pas bon ?
Facile aussi et j'en parle dans le bouquin qui va bientôt sortir : c'est le Nicotiana rustica, une magnifique plante esthétiquement parlant mais qui, lors de sa montée en graines pue... des pieds !!! Je n'oublierai jamais la grimace de mon ami argentin, Juan quand il est passé tout près. Heureusement, il a un fin nez et savait que l'odeur ne venait pas de moi !
Chantal m'a aussi demandé de terminer avec deux ou trois photos rigolotes. Ca n'a pas été facile d'en trouver qui n'avaient pas déjà été publiées dans les deux portraits précédents. Mais j'en ai quand même trouvé trois où vous me verrez sous un autre jour...
Tentant de passer incognito à Los Angeles en 1988.
Là, c'est en 1997 où j'ai intégré la famille Manouche.
Tarzan et Jane... sans plus de commentaires !